vendredi 19 novembre 2010

CAC 40 = Love me more !

nota bene : pour mieux savourer l'article, cliquez sur les liens en orange

Les entreprises ont besoin d'argent. Elles ont aussi besoin d'amour.
Toujours plus.
Le problème en France, c'est que l'argent... c'est un péché ! Pas de cadeaux ni de câlins pour les riches.
Alors comment envoyer du glam' dans les yeux du public quand on est un gros plein de sous aux dents de requin ?

Voici les conseils de Dr Love, inspirés par un groupe du CAC 40 ayant souhaité rester anonyme :

  1.  On le sait, les "holdings" n'ont pas la cote par chez nous. Le mot rappelle trop les empires à la Citizen Kane, qui perdent leur âme dans les dollars. Préférez la périphrase d'intérêt général (ou hexagonal), du style : "Je suis un groupe français leader mondial de mon secteur". Les Français ont l'ego sensible, ils n'hésiteront pas à opérer un petit transfert amoureux et à reconnaître leur propre excellence dans votre attitude de vainqueur...
  2. Attention, comme le recommandent les pubs pour le Bon Marché, pour briller, il faut refuser les seconds rôles. Ne mettez pas en avant votre médaille d'argent. Faites plutôt appel à l'esprit d'indépendance gaullien, et pourfendez toute dictature hégémonique : "Je suis le no1 alternatif sur le marché".
  3. Enfin pour régler le problème épineux de la "class action" (procès intenté par un groupement de parties civiles contre une entreprise), ayez soin de d'appeler un chat un chat, et une "class action" un "jury populaire". Face à la parole de l'expert, on sait bien ce que valent les allégations hasardeuses et mal intentionnées de la populace.
Qui parle de langue de bois ? Au final, tout est une question de point de vue, dans un contexte donné. C'est ce qu'on appelle : de la sémiologie.

samedi 13 novembre 2010

La princesse de Montpensier, manga de cape et d'épée

Ah, que de passions et de sentiments dans le dernier film de Bertrand Tavernier...



On y retrouve tous les ingrédients du manga "shojo" (= romantique, dont l'histoire est centrée sur les sentiments des personnages) : une belle héroïne naïve mais qui lutte pour s'affirmer. Une femme qui suscite les passions dans un univers totalement macho, le triangle amoureux du mari, de l'épouse et de l'amant (sans compter les prétendants secondaires). Des baisers enflammés et des choix déchirants.

Que dire ? Sur fond de galopades, de robes brodées et de musique exaltante, La Princesse de Montpensier est définitivement un film... pour filles !

lundi 8 novembre 2010

Le cinéma aime les top-models. Ou l'inverse ?

2010, le mannequinat "crée le buzz".
Pour promouvoir la lutte contre l'excision, Liya Kebede expose son histoire dans le film "Fleur du Désert", sorti en mars 2010. Pour elle, le mannequinat a été une chance, qui lui a permis de sortir de la misère. Le tout est traité sur le mode beauté, pathos et émotion.



Ce mois-ci, on voit débarquer "Picture Me", produit par Ole Schell, qui raconte le parcours du mannequin américain Sara Ziff. Sur le mode du reportage, entrecoupé par des animations à la Juno, on prend plaisir à admirer les shows, le glam, et les témoignages des modèles.



Le résultat est frais, mais on reste sur sa fin... Même si les filles acceptent de montrer à la caméra leurs boutons et leurs visages défaits, la vie semble bien facile pour la belle Sara, qui au fond ne se livre pas tant que ça. Que dire du passage où elle reproche aux reporters de la regarder se changer, alors qu'elle est nue dans sa baignoire sur grand écran ???

Une piste intéressante aurait été de savoir comment Sara Ziff s'implique maintenant pour défendre les droits des mannequins. Histoire de dépasser les classiques dénonciations du milieu.

jeudi 28 octobre 2010

Les jobs Twitter, encore une arnaque ?

Que penser des entreprises qui recrutent via Twitter... Doit-on considérer ce nouveau moyen de diffusion des offres comme une opportunité ou une arnaque ?

Il existe trois types de situations :
  1. L'entreprise publie son offre sur son propre compte twitter, pour le candidat "spontané"
  2. Twitjobs récolte les annonces et les publie sur sa page, pour le candidat "en veille"
  3. Un adepte twitter diffuse l'annonce auprès de ses "followers", pour le candidat "en réseau"
Avantages :
  • Possibilités de recrutement instantané (on y croit ?)
  • Les blogueurs font le travail de diffusion à la place des entreprises, et gratos / possibilités de réseautage pour les candidats
  • Ciblage d'un public "in" / une façon de distinguer sa candidature auprès de l'entreprise
  • Culture de la spontanéité versus culture de la formalité
Les problèmes qui se posent :

  • Remise en cause de l'accessibilité des offres aux candidats ne disposant pas des moyens d'entretenir un profil twitter, vu le petit nombre d'adhérents seul un petit nombre de geeks en bénéficie
  • Discrimination des candidats selon leur apparence sur le web, et non selon des capacités réelles de travail. Le recrutement crée et se base sur des clichés : communicant = branché web, donc supposé être sur Twitter et adhérer à l'exhibloguisme ambiant. Culture du buzz vs la qualité
  • La lourdeur des entreprises est-elle compatible avec ce réseau qui repose sur une conversation permanente ? Il y a une certaine hypocrisie à parler de proximité des marques avec leur public sur twitter... Dans les faits, la conversation reste à sens unique !

mercredi 25 août 2010

Inception : de l'effet ou de l'esprit de synthèse ?

Comme l'indique la signification du titre : "Origine", tout se joue dans les dernières 5 mn, quand on atteint les émotions les plus primaires, au fin fond du subconscient. Car bien-sûr vous vous êtes endormi en cours de route. (durée du film = 2h28)
Coup sur coup, on apprend qu'une idée tue, que le remords vous rappelle toujours à la réalité plus sûrement qu'une toupie, que les gens sont quand-mêmes vachement plus intéressants en vrai avec leur part de mystère que tout fabriqués dans nos rêves. Avec un petit suspens quand ils (et nous) essaient(yons) de se (nous) réveiller.

Dans Matrix, il y avait une certaine cohérence dans l'architecture du monde, là on passe d'une sĥère à l'autre à la convenance du réalisateur : quelle différence entre les limbes et les rêves ? Dans Shutter Island il y avait une performance d'acteur avec une réelle ambiguïté concernant la santé mentale de Di Caprio. Là notre brave blondinet disparaît totalement derrière les effets à outrance de son univers. Le film s'attarde sur des moments sans importance : le saucissonage dans l'ascenseur supposé ne durer que quelques mn, et néglige de développer certaines trouvailles : comment l'architecte influence-t-elle la forme prise par les rêves ? Et que dire de la violence des morts à répétition, pendant toute la durée du film ?

L'architecture des rêves est grandiose. On ne peut s'empêcher de comparer Nolan et Cobb : le cinéaste est lui aussi architecte, explorateur, enquêteur, avec son style, ses obsessions et ses erreurs. Le cinéaste chercherait-il alors à nous implanter son idée dans la tête ? Le réalisateur se trouve-t-il comme dans le rêve, dans une sphère de "création pure" ? Mais bien que l'histoire se développe selon les règles de la réthorique : en trois parties, un brin d'esprit de synthèse aurait été le bienvenu.
Qu'en pensez-vous ?

jeudi 12 août 2010

Lifter un logo, qu'est-ce que ça implique ?

Du temps.
Des gens.
De l'argent.
Et de jolies petites vidéos !
L'exemple Virgin Atlantic :


Virgin Atlantic plane livery time-lapse movie from johnson banks on Vimeo.

La Bretagne, ou le cliché beaubio

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 Estuaire du Trieux

Marché de Pleubian

Source de la roche Jagu


Port Béni

Quelque part, entre Paimpol et Lézardrieux...

lundi 21 juin 2010

Haro sur le baudet !


D'après un rapport de l'ONU, des quartiers pauvres ont été rasés dans les villes sud africaines, afin de construire des stades de foot. S'agit-il d'un éternel recommencement du régime d'apartheid ?

Je suis convaincue que c'est un pays où il ne fait pas bon vivre, et où l'administration est totalement inégalitaire : tout le monde est discriminé, et lutte pour maintenir (gagner) sa place. Toutefois je ne pense pas qu'ils retournent à une politique de ghetto, ce n'est plus possible. Le gouvernement ne vise pas à écarter les pauvres, ou à les maintenir dans une condition inférieure. Il est simplement motivé par l'argent, et fait passer le profit immédiat avant la reconstruction durable du pays.

Et même si le foot est devenu un monde de fric répugnant, il y a un côté positif : dans ce pays, les gens existent enfin aux yeux du public international pour autre chose que pour leur passé. Mandela, Apartheid, townships... Alors n'êtes-vous pas énervés, quand la presse "s'empresse" de publier quantité d'articles déprimants et pessimistes, sur la pauvreté et les échecs du pays ?

C'est comme si on les enfonçait encore plus, alors qu'ils essaient de sortir de leur galère !!!

samedi 5 juin 2010

"À la façon" du haijin

Suite à mon billet précédent, voici quelques exemples de haikus.

Vieille mare –
une grenouille plonge
bruit de l'eau

Matsuo Bashô


La cueillir quel dommage !
La laisser quel dommage !
Ah ! cette violette

Naojo


Comme si rien n'avait eu lieu
la corneille
et le saule

Kobayashi Issa
 
 
Il faut qu'il y ait
dans le poème
un nombre
tel
qu'il empêche
de compter

Paul Claudel, Introduction de Cent phrases pour un éventail


ps : un haijin est un auteur de haikus...

Les sirènes de la circonvolution

Pourquoi Prévert est-il un grand poète ?
Parce qu'il a l'art de trouver les mots justes. Dans nos vies submergées d'informations, s'en tenir à quelques mots est une vraie gageure. Il y parvient avec simplicité. Ses poèmes ressemblent un peu aux haikus japonais : des aphorismes de 3 vers qui évoquent un instant ou une émotion, sans une syllabe de trop. Les phrases élaguées font ressortir l'essentiel. Et donnent tout leur poids aux mots.

Déjeuner du matin

Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler

Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder

Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder

Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.

mardi 1 juin 2010

Le mariage. L'homme. La femme.

Entre le décolleté plongeant de Juliette, ses yeux qui brillent et ses trémolos dans la voix, et l'inévitable scène du rouge à lèvres, face à l'homme froid et droit. Entre la bistrote italienne résignée et tradi avec sa sagesse de comptoir, la mariée qui sourit et celle qui pleure, et la vieille pathétique qui se traîne en tremblotant avec son croûlant de mari à travers la place de l'église. Ou encore la touriste dans la lune que son mari remontrance tendrement parce qu'il sait ce dont elle a besoin au fond d'elle-même, mieux qu'elle-même...

Abbas nous prendrait-il pour le sexe faible ?

De toute façon, dans son film, l'homme ne vaut pas mieux. Incapable de faire face à ses responsabilités, incapable de s'arrêter, lui aussi égoïste et peu enclin à pardonner. Et le mariage n'est donc au final qu'un conformisme social, permettant aux jeunes de vivre leurs illusions et aux vieux de ne pas toujours crever seuls comme des chiens.

Bonjour la déprime.

mercredi 19 mai 2010

Shéhérazade, Ève, Hebba...

   
   Ah l'amour ! L'amour qui nous fait vivre et nous rend fous... Yousri Nasrallah, avec une grâce toute orientale, déroule son ode à la sensualité et aux tourments de la femme, dans "Femmes du Caire", titre extrêmement mal choisi pour traduire le titre arabe, qui signifie "Shéhérazade, conte moi ton histoire".

   À la fois manifeste politique et social, mise en scène du monde des médias, et série de portraits vifs et émouvants, ce film vaut la peine d'être vu. On y trouve un mélange de modernité et d'effets "passés", un peu comme une photo des années 1970 dans un appart' design. Autant dans les différences entre les personnages présentés, que dans la réalisation : on passe d'un générique métaphorique très "nouvelle cuisine", aux images de la télé égyptienne avec tous les parasites et les défauts d'image qu'on peut imaginer. L'atmosphère est très travaillée, avec un emboîtement des histoires, mais aussi des prises de vues : on observe les personnages à travers une grille, par le regard d'une caméra de surveillance, dans le reflet d'une vitre. Autant de méandres qui nous font plonger dans la fiction, puis nous renvoient à nous même.

   Doit-on pour autant assimiler ce film à du mélo ? Je n'en suis pas sûre. Quelques scènes très trash nous rappellent la réalité du sujet. Et les personnages sont trop dignes pour tomber dans le pathos.

vendredi 14 mai 2010

Marketing culturel



 
 En art comme dans les biens de consommation, certaines "marques" sont plus attirantes que d'autres. Quand on cite le Greco ou Dali par exemple, comme le fait le musée Jacquemart André dans son exposition en cours, tout-de-suite le chaland se pourlèche les babines. Alors que si je vous dis Sorolla ou de Torres, personne ne connaît. Ce qui ne veut pas dire que ces artistes soient moins méritants ! Seulement le Greco, ça fait rentrer l'argent dans les caisses. Même si au milieu des 50 tableaux de l'exposition, il n'y a qu'une seule de ses oeuvres. Et encore. C'est une miniature...

Ne frôle-t-on pas la publicité mensongère ?

Cliquez ici pour accéder au site de l'expo

mardi 4 mai 2010

L'environnement de l'homme, c'est l'homme

    GreenPeace est vraiment une ONG surprenante, qui fait entendre sa voix astucieusement. Que l'on soit d'accord ou pas avec ses idéaux, que l'on accepte ou pas ses pressions sur le monde économique et politique, et que l'on aime ou pas le côté "émotion" de ses campagnes de sensibilisation, je trouve que leur spot pour la journée de la terre est particulièrement réussi. Mis à part la typographie "cucu", l'idée créative est très sympa : elle transpose la nature... en nous ! À voir ci-dessous (clic droit sur la video + "afficher tout" pour adapter l'image à la largeur du blog) :

dimanche 25 avril 2010

Le début de la gloire


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Haras du Pin, concours d'élevage pour poulains de 2 ans, 22 avril 2010

vendredi 23 avril 2010

Ah, those Russians...

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Saint Petersbourg, 6 - 11 avril 2010

mercredi 14 avril 2010

Le groupe "Carbone Lorraine" devient "Mersen"

Coup de gueule du jour : le groupe "Carbone Lorraine" devient "Mersen".

L'identité est totalement transformée, les couleurs, la typographie, tout change. Il est vrai que "Carbone Lorraine", ça fait un peu vieillot. et qu'après les nombreux rachats à l'étranger, le groupe se devait de faire évoluer son identité.

Ancien logo :



Nouveau logo :



Communiqué de presse

Mais fallait-il aller si loin, et couper les ponts avec le capital de marque que le groupe s'était construit ? Le groupe aurait-il honte de ses origines ? Qu'est-ce que c'est que ce nom de derrière les fagots, justifié par un discours érudit sur l'histoire des francs ?

Certes le nom "Mersen" fait appel à la culture lorraine, et à l'esprit scientifique des Lumières. Mais pour un logo qui se veut moderne et tourné vers l'avenir, est-il astucieux de dépoussiérer le nom d'un obscur traité couplé à celui d'un obscur chercheur ? Quel est le rapport entre le traité et le scientifique ??? Le communiqué de presse donne l'impression que le fait d'avoir 2 références historiques est en soi une preuve de pertinence dans le choix du nom.

Je trouve au contraire que le groupe pourrait être fier de son histoire liée à la région minière de France, au lieu de choisir la neutralité d'un nom que personne ne connait. Je trouve que le nouveau logo n'est pas plus explicite que l'ancien, la courbe du N pour moi n'est pas signifiante - quelqu'un voudrait bien m'expliquer son intérêt ? La signature est totalement plate. Seul le choix des couleurs et la typo sont un peu plus heureux que dans la version précédente. Et encore. Pourquoi du gris et du jaune ? Personne ne leur a dit que les ampoules à basse consommation diffusent de la lumière blanche et non plus de la lumière jaune ?

Bref, d'après moi c'est un 0 pointé pour ce changement, pourtant lié à une problématique intéressante : comment assumer son origine et tirer parti de son identité, dans un contexte d'internationalisation ?

lundi 29 mars 2010

Du concret à l'abstrait

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mercredi 10 mars 2010

Invictus / Disgrace - 3rd round

Le dernier critère : la pertinence

C'est-à-dire en quoi la façon de traiter le sujet (les relations conflictuelles entre les blancs et les noirs) est appropriée par rapport à l'objectif du film et à la réalité du sujet.

Question vérité et finesse d'analyse, Disgrace est sans conteste au-dessus de son rival. Mais les deux films ne recherchent pas la même légitimité.

Disgrace est une analyse psychologique d'un nombre de personnages restreints, le film ne cherche pas à plaire. Au contraire, il renvoie le spectateur à lui-même, il le dérange et l'amène à se poser des questions.

Invictus est une épopée nationale, l'histoire d'un héros de la paix devenu une icône internationale. Le film s'inscrit dans la tradition hollywoodienne des grandes émotions et des bons sentiments à l'américaine. (d'ailleurs aucun des acteurs n'a l'accent d'Afrique du Sud, comme c'était déjà la cas dans Blood Diamonds...) La vraisemblance compte moins que le plaisir du spectateur et les grands traits dont il se souviendra en sortant.

On peut alors se demander s'il est acceptable de caricaturer la réalité, dans un but cinématographique. En tant qu'art, à mon avis, le cinéma ne doit pas chercher à reproduire la réalité. Il doit prendre parti. Invictus n'est donc pas moins "pertinent" que Disgrace. Il est seulement moins efficace.

Vainqueur du 3è round : égalité
Vainqueur final : Disgrace !

lundi 1 mars 2010

Invictus / Disgrace - 2nd round

Chers auditrices, chers auditeurs,

Me voici de retour pour arbitrer le 2è round entre les films de Clint Eastwood et Steve Jacobs. Le critère d'évaluation sera aujourd'hui la qualité du contenu. (Ceci est une critique d'amatrice, en aucun cas un avis d'expert)

1. Le scénario : Invictus 0 / Disgrace 1
Invictus : on sait d'avance ce qui va se produire, que ce soit la fin ou l'évolution des personnages. Le match final occupe une place démesurée par rapport au reste de l'histoire, alors que c'est la partie émergée de l'iceberg. Les scènes de foule doivent bien durer 10 mn à elles seules. Le point clé : la rencontre entre Mandela et François Pienaar est bien peu valorisé. La scène est vite expédiée et on ne voit pas bien son impact sur les personnages. L'histoire manque de surprise notamment car le fil est continu. On n'échappe à aucun cliché : le match avec les enfants qui sourient, les discours moralisateurs du président, les gardes du corps blanc et noir qui finissent par reconnaître leur valeur mutuelle et par se taper dans le dos, ...
Disgrace : Même si on connaît la teneur de l'histoire, plein d'à-côtés sont à découvrir. Chaque événement est riche d'ambiguïtés. La relation entre les personnages est mis en perspective avec le contexte du pays, ce qui donne de la profondeur.

2. Les dialogues : Invictus 0 / Disgrace 1
Invictus : dialogues plats voire absence de dialogues, juste des phrases pour que le spectateur comprenne l'histoire, vu que les images ne suffisent pas. 0 possibilités d'interprétation.
Disgrace : satisfaisants. des silences éloquents. Des références à la littérature anglaise bien utilisées (Byron)

3. Les acteurs : Invictus 1 / Disgrace 1
Invictus : la finesse de Morgan Freeman contraste avec la lourdeur du film. On dirait Jésus. Une belle prise de muscles du côté de Matt.
Disgrace : Chaque personnage a sa personnalité et son ambyvalence. Aucun n'est totalement attachant, aucun n'est totalement détestable. Et je trouve le personnage de Jessica Haines très émouvant. On sait qu'elle est lesbienne, mais on ne nous impose aucun des clichés habituels. Au contraire ce choix (discret) est comme une accusation latente à son père dans le film.

4. La réalisation : Invictus 0 / Disgrace 1
Invictus : quelques scènes d'archives bienvenues, quelques rythmes africains sympas. Mais tellement de lourdeur dans les effets, que je me suis vraiment demandé si ce n'était pas du second degré ! Mon passage préféré : le ralenti sur la main aux fesses, dans la mêlée. Tellement sexy...  Et puis une vision de la virilité un peu trop militaire pour moi : des durs qui dirigent les autres par l'exemple, et qui savent se battre au-delà de l'humainement possible, pour leurs idéaux. Pas des lopettes quoi...
Disgrace : de beaux cadrages, des travellings  qui créent du suspens. La caméra joue avec le contexte (magnifique) et ne reste pas sans arrêt focalisée sur l'action. On a droit à des pauses ! les enchaînements sont travaillés. Au début en particulier, les tremblements de la caméra transmettent le trouble du personnage. On ressort mal à l'aise, et c'est bien.

Score final : Invictus 1 / Disgrace 4
Le gagnant est donc... Disgrace !
Les remarques de ceux qui ont vu ces films sont les bienvenues. Le débat est ouvert !

Attention, un 3è et dernier round est encore à venir

dimanche 28 février 2010

Humour et démocratie

L'UMP et le parti socialiste semblent avoir décidé de redonner le sourire aux Français, par ces temps de crise. Après le mémorable "lip dub" de l'UMP, voici un message du PS qui va porter...

La video

lundi 22 février 2010

Invictus / Disgrace - 1st round

    A quelques mois d'intervalles, 2 films sont sortis, concernant l'Afrique du Sud post-apartheid (= post 1990). A première vue, les affiches ne promettent rien de très surprenant : un blanc, un noir, des gens qui ne se regardent pas, le noir dans une position proéminente.


Si on observe les images d'un peu plus près, on constate que :
  • du côté de Invictus, les gens sourient et ont l'air heureux. Alors que du côté de Disgrace, ça ne rigole pas. C'est à peu près l'état dans lequel cherche à vous mettre chaque film ?
  • Autre remarque, les deux titres sont à l'opposé l'un de l'autre : en latin, "invictus" signifie invaincu, voire invincible. Disgrace au contraire évoque la défaite et le chute, la fin de "l'état de grâce". On commence à entrer dans le vif du sujet.
  • Enfin au 3ème plan, on trouve des drapeaux, avec un foule en délire, versus... une femme devant une ferme. À gauche les personnages se tournent le dos mais regardent dans la même direction. à droite les regards de chacun sont lourds d'arrières-pensées, aucun ne regarde la même personne, et le spectateur est directement pris à partie par le regard du noir. Ça y est on a compris, d'un côté c'est de la propagande en faveur d'un idéal national humaniste et fédérateur, de l'autre un film qui traite des relations humaines, ancré dans la réalité (la nôtre).
    Cet aspect est renforcé par la source d'inspiration de chacune des oeuvres : pour Invictus il s'agit d'un poème de William Ernest Henley, poème paraît-il préféré de Nelson Mandela, dont le "maître vers" est : I am the captain of my soul. Pour Disgrace, il s'agit du best-seller de Coetzee, dont la clé serait un vers du poète Yeats : That is no country for old men. Là où Clint s'est accordé une épopée bien pensante à l'américaine, incarnée par des (super)héros (inter)nationaux, Steve parle de du changement et de la violence, par le biais du vécu des personnages.

    Malgré la banalité des codes (l'obésité des ficelles ?) utilisés pour l'affiche d'Invictus, un mauvais point pour celle de Disgrace ne permet pas de la nommer gagnante de ce 1er round : que dire du kitsch du coucher de soleil, de la fadeur du sous-titre "peut-on échapper à ses démons ?", ou de la platitude du jeu de regards ?

On regrette que la version anglosaxonne n'aie pas été retenue :
























Résultat du 1er round : égalité.
La suite quand j'aurai vu Invictus...

jeudi 18 février 2010

Il y a un trou ouvert à la pioche dans le mur d'en face

Ce soir, c'est la fête. Je vais au carnaval. Il y aura un concert, on va sûrement danser ! Metro. Changement. Re-metro. À la sortie je prends la rue dans le mauvais sens. Demi-tour, jusqu'au no 26. C'est marrant, il y a des planches aux fenêtres, on ne se douterait pas qu'il y a un bar ici. Et où sont les foules du carnaval ? je suis trop en retard, une fois de plus...

Je pousse la porte. J'entre. Je lève les yeux. Il y a un trou ouvert à la pioche dans le mur en face.
Le contre-plaqué pendouille un peu dans l'ouverture. C'est la communication avec la pièce du fond. Des traces de fléchettes à côté du passage. À gauche, un zinc dont les reflets sont aussi douteux que ceux des cheveux du barman. Trois loubards en blouson de cuir me regardent entrer. A part un sofa miteux, la salle est vide.
Avec mon plus bel air dégagé, je commande une bière. Le type n'a pas l'air de bien comprendre (ce que je fais là), mais il me concède quand même une Kro tiédasse.

"Hey, Clem's ! on est là !" Dans un coin, 1 pote, 1 de ses potes, et 1 pote du pote de ma pote illuminent ma journée. C'est en leur souriant que je réalise à quel point les zygomatiques peuvent être sensibles au stress. Résultat mon sourire est un peu de travers. Mais ils ne s'en formalisent pas, et m'emmènent à l'étage. La salle est pleine. De foule, de fumée, de fumette. Comme l'odeur de sueur devient un peu entêtante à l'arrière, nous nous approchons des 3 musiciens "de rue" qui jouent du banjo de la guitare et du synthé. Le guitariste déclame un poème d'Artaud. La salle aboie en réponse (le poème s'appelle Dieu le chien).

"Allez, faites pas les timides, venez devant !" Je suis les autres qui vont s'asseoir au premier rang. Bien calée entre DéDé Gros Bras et Maria la blafarde, j'observe avec attendrissement la petite fille de 6 ans qui danse avec son ballon en forme de coeur et les capsules de bière qu'elle a ramassées par terre. Une jeune femme succède aux musiciens et se met à chanter à pleine voix des hymnes anarchistes. L'assemblée participe. Une fille raconte que la personne à qui elle a confié son sac est partie avec, ne laissant qu'un économe...

jeudi 11 février 2010

Instant d'hiver à Bruxelles

Si c'était une couleur : entre gris clair et gris foncé
Si c'était une odeur : la friture
Si c'était un moyen de transport : le tram
Si c'était un temps : le ciel Magritte
Si c'était une manière d'être : le désordre urbanistique

Si c'était... Bruxelles ?

vendredi 22 janvier 2010

"Il reposait au milieu des arbres, et sa tranquillité m'étonna. Dans la pénombre il se détachait gravement et me présentait comme une figure morale, une sorte de forme sage et religieuse, d'amitié domestique. C'était une vieille maison de bonté et d'honneur, une maison de pain et de prière."

Le mas Théotime, Henri de Bosco

lundi 18 janvier 2010

Avatar = Pocahontas 2 ?

Certes Avatar montre un peuple en osmose avec la nature et les animaux.
Certes les grands hommes bleus discutent avec les arbres.
Certes Avatar montre les méchants colonisateurs blancs (il n'y a pas beaucoup de noirs dans ce film ??? surprenant pour un film américain !), avec le preux chevalier qui va tomber amoureux de la belle indigène, et le méchant très méchant commandant, qui veut tout saccager.


MAIS
Ce n'est pas la fille qui suit le chevalier, mais l'inverse. il va même jusqu'à prendre leur apparence. (un hommage à Michael Jakson ?)
Les indigènes quand ils se branchent sur les animaux, leur imposent leur volonté, c'est pas si soft que ça.
La nature n'est pas vraiment de la nature, mais plutôt un immense réseau électrique, comme un cerveau...ou un réseau virtuel.
Le mec qui "anime" l'avatar est en fait complètement accro à ce jeu virtuel réel, au point qu'il ne bouffe plus, ne dort plus, ne se rase plus, ne parle plus à personne.
La fin qui se veut un happy end est en fait tragique : le mec renonce à affronter la réalité (son handicap), et préfère mourir pour se réfugier dans le rêve.

D'après moi, Avatar est beaucoup moins innocent qu'il n'en a l'air, sous les chatoiements de sa jungle féérique...

samedi 16 janvier 2010

Angoisse

«La beauté du monde, qui est si fragile, a deux arêtes, l’une de rire, l’autre d’angoisse, coupant le coeur en deux.»

Virginia Woolf

samedi 9 janvier 2010

Marketing poétique

Tigre Gracieux, Précieux Lotus, Mai Dang Lao, Nid d'Oiseau, Celui qui Dépend des Nuages, Le Cheval qui Aime son Maître, Dragon de Neige et de Fer....

Qui se cache derrière ces noms pleins d'images ? ...

Yahoo, Maybelline, Mac Do, Nestlé, Evian, Hermès, Citroën !!!

C'est la stratégie des marques en Chine. En effet, de nombreux noms occidentaux sont imprononçables pour les Chinois. Les marques traduisent alors soit leur signe, comme le fait Nestlé, soit leur nom, de manière à rester prononcées à peu près de la même manière d'un pays à l'autre. Comme Mac Do par exemple.

Seulement une fois traduit en phonétique, le nom n'a pas le même sens. De plus, plusieurs caractères ayant la même prononciation peuvent être choisis. Les marques choisissent donc les caractères dont le sens est le plus positif, comme Yahoo, ou alors le plus proche de l'activité de la marque, comme Evian. (ou se contentent de "siniser" la sonorité, dans le cas Mac Do).

On aboutit ainsi à des formulations tout-à-fait étonnantes, parfois un peu précieuses, et tellement exotiques. Ce qui veut dire que quand vous montez dans une C3, en fait... vous chevauchez un dragon !!!

Voilà qui donne une autre dimension au produit, vous ne trouvez pas ?

vendredi 8 janvier 2010

Bête de concours

Cliquez sur les images pour voir la bête dans toute sa gloire !







mardi 5 janvier 2010

Montifringila nivalis

Ces petits piafs qui batifolent sur la neige ne sont-ils pas adorables ?




Eh bien sous des apparences fort délicates, il faut savoir que la niverolle alpine, alias le "pinson des neiges", alias "Montifringila nivalis", n'accepte de poser ses pattes qu'au-dessus de 2000 mètres d'altitude ! Ce warrior de 17cm et de 40g préfère installer son nid dans une crevasse au sommet d'un rocher escarpé, plutôt que sur une branche bien sage. Et ses oeufs sont aussi blancs et brillants que la neige...
Parmi les oiseaux les plus hauts perchés du monde, la petite Lara Croft alpine est en plus sédentaire. Elle passe ainsi tout l'hiver à alterner ses pattes droite et gauche sur le sol. Parce que la glace, ça fait froid quand-même.
Pour la trouver, vous pouvez aller en haut de la "combe", à la station de la Toussuire. ou alors... au sommet du mont Everest !!!