lundi 22 février 2010

Invictus / Disgrace - 1st round

    A quelques mois d'intervalles, 2 films sont sortis, concernant l'Afrique du Sud post-apartheid (= post 1990). A première vue, les affiches ne promettent rien de très surprenant : un blanc, un noir, des gens qui ne se regardent pas, le noir dans une position proéminente.


Si on observe les images d'un peu plus près, on constate que :
  • du côté de Invictus, les gens sourient et ont l'air heureux. Alors que du côté de Disgrace, ça ne rigole pas. C'est à peu près l'état dans lequel cherche à vous mettre chaque film ?
  • Autre remarque, les deux titres sont à l'opposé l'un de l'autre : en latin, "invictus" signifie invaincu, voire invincible. Disgrace au contraire évoque la défaite et le chute, la fin de "l'état de grâce". On commence à entrer dans le vif du sujet.
  • Enfin au 3ème plan, on trouve des drapeaux, avec un foule en délire, versus... une femme devant une ferme. À gauche les personnages se tournent le dos mais regardent dans la même direction. à droite les regards de chacun sont lourds d'arrières-pensées, aucun ne regarde la même personne, et le spectateur est directement pris à partie par le regard du noir. Ça y est on a compris, d'un côté c'est de la propagande en faveur d'un idéal national humaniste et fédérateur, de l'autre un film qui traite des relations humaines, ancré dans la réalité (la nôtre).
    Cet aspect est renforcé par la source d'inspiration de chacune des oeuvres : pour Invictus il s'agit d'un poème de William Ernest Henley, poème paraît-il préféré de Nelson Mandela, dont le "maître vers" est : I am the captain of my soul. Pour Disgrace, il s'agit du best-seller de Coetzee, dont la clé serait un vers du poète Yeats : That is no country for old men. Là où Clint s'est accordé une épopée bien pensante à l'américaine, incarnée par des (super)héros (inter)nationaux, Steve parle de du changement et de la violence, par le biais du vécu des personnages.

    Malgré la banalité des codes (l'obésité des ficelles ?) utilisés pour l'affiche d'Invictus, un mauvais point pour celle de Disgrace ne permet pas de la nommer gagnante de ce 1er round : que dire du kitsch du coucher de soleil, de la fadeur du sous-titre "peut-on échapper à ses démons ?", ou de la platitude du jeu de regards ?

On regrette que la version anglosaxonne n'aie pas été retenue :
























Résultat du 1er round : égalité.
La suite quand j'aurai vu Invictus...

1 commentaire:

  1. Très bonne analyse d'affiche ! ^^

    Si tu es fan des codes d'affiches de film, voici un lien sur la légendaire créativité française pour ses films comiques... C'est pitoyable !

    Le lien

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