lundi 29 mars 2010

Du concret à l'abstrait

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mercredi 10 mars 2010

Invictus / Disgrace - 3rd round

Le dernier critère : la pertinence

C'est-à-dire en quoi la façon de traiter le sujet (les relations conflictuelles entre les blancs et les noirs) est appropriée par rapport à l'objectif du film et à la réalité du sujet.

Question vérité et finesse d'analyse, Disgrace est sans conteste au-dessus de son rival. Mais les deux films ne recherchent pas la même légitimité.

Disgrace est une analyse psychologique d'un nombre de personnages restreints, le film ne cherche pas à plaire. Au contraire, il renvoie le spectateur à lui-même, il le dérange et l'amène à se poser des questions.

Invictus est une épopée nationale, l'histoire d'un héros de la paix devenu une icône internationale. Le film s'inscrit dans la tradition hollywoodienne des grandes émotions et des bons sentiments à l'américaine. (d'ailleurs aucun des acteurs n'a l'accent d'Afrique du Sud, comme c'était déjà la cas dans Blood Diamonds...) La vraisemblance compte moins que le plaisir du spectateur et les grands traits dont il se souviendra en sortant.

On peut alors se demander s'il est acceptable de caricaturer la réalité, dans un but cinématographique. En tant qu'art, à mon avis, le cinéma ne doit pas chercher à reproduire la réalité. Il doit prendre parti. Invictus n'est donc pas moins "pertinent" que Disgrace. Il est seulement moins efficace.

Vainqueur du 3è round : égalité
Vainqueur final : Disgrace !

lundi 1 mars 2010

Invictus / Disgrace - 2nd round

Chers auditrices, chers auditeurs,

Me voici de retour pour arbitrer le 2è round entre les films de Clint Eastwood et Steve Jacobs. Le critère d'évaluation sera aujourd'hui la qualité du contenu. (Ceci est une critique d'amatrice, en aucun cas un avis d'expert)

1. Le scénario : Invictus 0 / Disgrace 1
Invictus : on sait d'avance ce qui va se produire, que ce soit la fin ou l'évolution des personnages. Le match final occupe une place démesurée par rapport au reste de l'histoire, alors que c'est la partie émergée de l'iceberg. Les scènes de foule doivent bien durer 10 mn à elles seules. Le point clé : la rencontre entre Mandela et François Pienaar est bien peu valorisé. La scène est vite expédiée et on ne voit pas bien son impact sur les personnages. L'histoire manque de surprise notamment car le fil est continu. On n'échappe à aucun cliché : le match avec les enfants qui sourient, les discours moralisateurs du président, les gardes du corps blanc et noir qui finissent par reconnaître leur valeur mutuelle et par se taper dans le dos, ...
Disgrace : Même si on connaît la teneur de l'histoire, plein d'à-côtés sont à découvrir. Chaque événement est riche d'ambiguïtés. La relation entre les personnages est mis en perspective avec le contexte du pays, ce qui donne de la profondeur.

2. Les dialogues : Invictus 0 / Disgrace 1
Invictus : dialogues plats voire absence de dialogues, juste des phrases pour que le spectateur comprenne l'histoire, vu que les images ne suffisent pas. 0 possibilités d'interprétation.
Disgrace : satisfaisants. des silences éloquents. Des références à la littérature anglaise bien utilisées (Byron)

3. Les acteurs : Invictus 1 / Disgrace 1
Invictus : la finesse de Morgan Freeman contraste avec la lourdeur du film. On dirait Jésus. Une belle prise de muscles du côté de Matt.
Disgrace : Chaque personnage a sa personnalité et son ambyvalence. Aucun n'est totalement attachant, aucun n'est totalement détestable. Et je trouve le personnage de Jessica Haines très émouvant. On sait qu'elle est lesbienne, mais on ne nous impose aucun des clichés habituels. Au contraire ce choix (discret) est comme une accusation latente à son père dans le film.

4. La réalisation : Invictus 0 / Disgrace 1
Invictus : quelques scènes d'archives bienvenues, quelques rythmes africains sympas. Mais tellement de lourdeur dans les effets, que je me suis vraiment demandé si ce n'était pas du second degré ! Mon passage préféré : le ralenti sur la main aux fesses, dans la mêlée. Tellement sexy...  Et puis une vision de la virilité un peu trop militaire pour moi : des durs qui dirigent les autres par l'exemple, et qui savent se battre au-delà de l'humainement possible, pour leurs idéaux. Pas des lopettes quoi...
Disgrace : de beaux cadrages, des travellings  qui créent du suspens. La caméra joue avec le contexte (magnifique) et ne reste pas sans arrêt focalisée sur l'action. On a droit à des pauses ! les enchaînements sont travaillés. Au début en particulier, les tremblements de la caméra transmettent le trouble du personnage. On ressort mal à l'aise, et c'est bien.

Score final : Invictus 1 / Disgrace 4
Le gagnant est donc... Disgrace !
Les remarques de ceux qui ont vu ces films sont les bienvenues. Le débat est ouvert !

Attention, un 3è et dernier round est encore à venir