lundi 21 juin 2010

Haro sur le baudet !


D'après un rapport de l'ONU, des quartiers pauvres ont été rasés dans les villes sud africaines, afin de construire des stades de foot. S'agit-il d'un éternel recommencement du régime d'apartheid ?

Je suis convaincue que c'est un pays où il ne fait pas bon vivre, et où l'administration est totalement inégalitaire : tout le monde est discriminé, et lutte pour maintenir (gagner) sa place. Toutefois je ne pense pas qu'ils retournent à une politique de ghetto, ce n'est plus possible. Le gouvernement ne vise pas à écarter les pauvres, ou à les maintenir dans une condition inférieure. Il est simplement motivé par l'argent, et fait passer le profit immédiat avant la reconstruction durable du pays.

Et même si le foot est devenu un monde de fric répugnant, il y a un côté positif : dans ce pays, les gens existent enfin aux yeux du public international pour autre chose que pour leur passé. Mandela, Apartheid, townships... Alors n'êtes-vous pas énervés, quand la presse "s'empresse" de publier quantité d'articles déprimants et pessimistes, sur la pauvreté et les échecs du pays ?

C'est comme si on les enfonçait encore plus, alors qu'ils essaient de sortir de leur galère !!!

samedi 5 juin 2010

"À la façon" du haijin

Suite à mon billet précédent, voici quelques exemples de haikus.

Vieille mare –
une grenouille plonge
bruit de l'eau

Matsuo Bashô


La cueillir quel dommage !
La laisser quel dommage !
Ah ! cette violette

Naojo


Comme si rien n'avait eu lieu
la corneille
et le saule

Kobayashi Issa
 
 
Il faut qu'il y ait
dans le poème
un nombre
tel
qu'il empêche
de compter

Paul Claudel, Introduction de Cent phrases pour un éventail


ps : un haijin est un auteur de haikus...

Les sirènes de la circonvolution

Pourquoi Prévert est-il un grand poète ?
Parce qu'il a l'art de trouver les mots justes. Dans nos vies submergées d'informations, s'en tenir à quelques mots est une vraie gageure. Il y parvient avec simplicité. Ses poèmes ressemblent un peu aux haikus japonais : des aphorismes de 3 vers qui évoquent un instant ou une émotion, sans une syllabe de trop. Les phrases élaguées font ressortir l'essentiel. Et donnent tout leur poids aux mots.

Déjeuner du matin

Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler

Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder

Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder

Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.

mardi 1 juin 2010

Le mariage. L'homme. La femme.

Entre le décolleté plongeant de Juliette, ses yeux qui brillent et ses trémolos dans la voix, et l'inévitable scène du rouge à lèvres, face à l'homme froid et droit. Entre la bistrote italienne résignée et tradi avec sa sagesse de comptoir, la mariée qui sourit et celle qui pleure, et la vieille pathétique qui se traîne en tremblotant avec son croûlant de mari à travers la place de l'église. Ou encore la touriste dans la lune que son mari remontrance tendrement parce qu'il sait ce dont elle a besoin au fond d'elle-même, mieux qu'elle-même...

Abbas nous prendrait-il pour le sexe faible ?

De toute façon, dans son film, l'homme ne vaut pas mieux. Incapable de faire face à ses responsabilités, incapable de s'arrêter, lui aussi égoïste et peu enclin à pardonner. Et le mariage n'est donc au final qu'un conformisme social, permettant aux jeunes de vivre leurs illusions et aux vieux de ne pas toujours crever seuls comme des chiens.

Bonjour la déprime.